
- Calcul du poids idéal grâce au gain moyen quotidien :
La croissance d’un individu est reflétée par son gain moyen quotidien, exprimé en grammes par jour. Il est calculé comme suit :
GMQJa-Jb = (PJb – PJa) / (a–b)
Cet indice peut être exprimé en pourcentage du poids au jour a (Ja). Entre 10 et 20 jours de vie, l’objectif est de croissance est de 5 à 10 % de poids de naissance par jour (Greco et Watters, 1990), ou au moins 7 à 10 grammes par jour (Kirk et al., 2000). Ces deux modes de calcul aboutissent à des valeurs équivalentes.
Ainsi, à l’âge de 20 jours, le chaton dont le poids de naissance varie entre 85 et 120 grammes devrait peser au moins 225 à 320g selon Kirk et al., ou entre 170 et 360g selon Greco et Watters.
- Calcul du poids idéal grâce au gain moyen hebdomadaire :
Il existe également un autre indice reflétant la croissance à plus grande échelle : le gain moyen hebdomadaire (en grammes par semaine). Il est calculé comme suit :
GMH = Pt+1semaine – Pt
La littérature fournit des objectifs sensiblement différents selon les auteurs. Le chaton doit prendre 100g par semaine (Greco et Watters, 1990 ; Kirk et al., 2000), ou entre 50 et 100g par semaine (Peterson, 2011).
Ainsi, le chaton de deux semaines devrait peser entre 285 et 320g (Greco et Watters, 1990 ; Kirk et al., 2000).
- Calcul du poids idéal grâce aux facteurs de multiplication du poids :
Le poids du chaton devrait être multiplié par deux au bout de 2 semaines (Greco et Watters, 1990), ou à l’âge de 10-14 jours (Root Kustritz, 2011).
- Courbe de croissance :
La littérature fournit des objectifs de croissance. Gast a réalisé une courbe de croissance sur 370 chatons en bonne santé (Figure 3), nous permettant de visualiser l’allure de celle-ci entre 10 et 20 jours de vie. Néanmoins, la croissance du chaton entre 10 et 20 jours de vie varie en fonction du sexe, de la taille de la portée, du poids de naissance (Gast, 2011).
Figure 3 : Poids moyen (avec IC 95%) (en grammes) des chatons « en bonne santé » au cours de la croissance et grossissement sur la période entre 10 et 20 jours de vie (Gast, 2011).

Le ratio des masses des ventricules droit et gauche d’un chat adulte est atteint à l’âge de 2 semaines : il est alors de 1/3, le ventricule gauche étant trois fois plus lourd que le droit. La croissance des deux ventricules est ensuite symétrique (McIntosh Bright et Holmberg, 1990).
Le foramen ovale est fermé de façon fonctionnelle, il est susceptible de se rouvrir sous l’effet d’une modification du taux d’oxygène dans le sang ou de l’équilibre acido-basique, lors d’une infection respiratoire par exemple (Voldoire, 2002). La date de sa fermeture définitive n’est pas citée dans la littérature.
- Auscultation
Fréquence et rythme cardiaques
L’auscultation du cœur est difficile du fait de la taille du thorax et de la fréquence cardiaque élevée. Elle doit se réaliser à gauche, au niveau de l’apex cardiaque, entre le 5ème et le 6ème espace intercostal, dans le tiers ventral du thorax. L’usage d’un stéthoscope pédiatrique est conseillé (Root Kustritz, 2011).
La fréquence cardiaque normale d’un chaton de 10 à 20 jours est d’environ 240 ± 20 battements par minute (bpm) (Lourenço et Ferreira, 2003).
Le rythme cardiaque est un rythme cardiaque sinusal régulier chez le chaton de 10 à 20 jours (McIntosh Bright et Holmberg, 1990).
Souffles physiologiques
Des souffles cardiaques de grades 1/6 à 3/6 entendus chez les chatons nouveau-nés sont le plus souvent causés par le flux sanguin aortique ou pulmonaire rapide ou des délais variables de fermeture des shunts intracardiaques ou entre le cœur et les grands vaisseaux (Root Kustritz, 2011). Les souffles de grades 4/6 à 6/6 sont généralement dus à des malformations cardiaques congénitales. Les plus fréquentes chez le chat sont la dysplasie de la valve tricuspide et l’aplasie du septum ventriculaire (Root Kustritz, 2011).
- Electrocardiogramme
L’électrocardiographie (ECG) est rarement réalisée sur des chatons de 10 à 20 jours mais permettrait de détecter des arythmies ou des défauts de conduction. L’onde P présente une amplitude et durée semblables à celles de l’adulte. La durée et l’amplitude du complexe QRS et des intervalles PR et QT le sont également. On observe durant cette période une augmentation progressive de la durée de l’onde R (Lourenço et Ferreira, 2003).
- Pression artérielle
La pression artérielle du chaton de 10 à 20 jours est comprise entre 40 à 50 mmHg. Ces faibles valeurs sont dues aux parois musculaires artérielles immatures et à une faible résistance artérielle périphérique. Chez le chaton nouveau-né, l’analyse des variations de la pression sanguine ne permet pas de diagnostiquer un choc hypovolémique (Giry, 2002).
- Adaptabilité cardiaque
Le chaton de 10 à 20 jours présente un débit cardiaque, un volume plasmatique, une pression veineuse centrale et une post-charge plus élevés que chez l’adulte. Au contraire, la pression artérielle moyenne, le volume d’éjection systolique, la résistance vasculaire périphérique et la précharge sont plus faibles (McIntosh Bright et Holmberg, 1990). La masse myocardique contractile et la compliance ventriculaire (capacité des ventricules à se dilater) sont également plus faibles. Ainsi, la réserve cardiaque est faible et le volume d’éjection systolique ne varie pas (Giry, 2002). Le débit cardiaque du chaton (DC = VESxFC avec DC : Débit cardiaque (L/min) ; VES : Volume d’éjection systolique (L) ; FC : Fréquence cardiaque (bpm)) ne dépend donc que de la fréquence cardiaque (McIntosh Bright et Holmberg, 1990).
Ainsi, le cœur du chaton a une très faible capacité d’adaptation en fonction des évènements (repos/exercice). De plus, le contrôle nerveux de la fréquence cardiaque est mauvais chez le chaton nouveau-né. Leur myocarde est moins dense en fibres sympathiques. Jusque là, le cœur du chaton est incapable notamment de répondre à une hypovolémie par une tachycardie. Ainsi, le chaton est sensible aux pertes sanguines, même peu importantes (5-10mL/kg). Ceci est à prendre en compte lors de prélèvements sanguins notamment (ils ne doivent pas excéder 0,5mL pour 100g de poids) (McIntosh Bright et Holmberg, 1990).

Entre 10 et 20 jours après la naissance, l’arbre respiratoire achève son expansion et le système respiratoire atteint une efficacité proche de l’adulte (Giry, 2002). Les voies respiratoires, plus souples que chez l’adulte, commencent progressivement à se rigidifier. Bien que la résistance à l’écoulement de l’air et les risques d’obstruction diminuent, l’effort respiratoire reste plus intense qu’à l’âge adulte (Giry, 2002). La cage thoracique du chaton subit le même sort elle s’ossifie peu à peu et le mouvement respiratoire devient plus aisé (Giry, 2002).
Durant la période néonatale, l’appareil respiratoire du chaton est très sensible à la température de l’air, à sa teneur en oxygène, à ses composants toxiques ou irritants ainsi qu’aux agents infectieux qu’il contient (Grundy, 2006).
D’autre part, le chaton de moins de 15 jours a des besoins en oxygène deux à trois fois plus élevés que l’adulte (Voldoire, 2002). C’est pourquoi il a une fréquence respiratoire plus élevée que le chat adulte : entre 18 et 36 mouvements par minutes la deuxième semaine. Ce besoin important en oxygène peut être expliqué par plusieurs particularités : la taille importante de la langue par rapport à la cavité buccale (qui restreint le passage de l’air) (Voldoire, 2002) et le volume courant, inférieur à celui de l’adulte (Moon et al., 2001). Ces besoins diminuent ensuite graduellement. La fréquence respiratoire est de 16 à 36 mpm la troisième semaine (Little, 2011). Le chaton présente une amplitude respiratoire et une réserve pulmonaire plus faible que l’adulte (Root Kustritz, 2011 ; Moon et al., 2001).
Le chaton nouveau-né se voit donc forcé de fournir un effort respiratoire supérieur à celui de l’adulte, alors que sa résistance à la fatigue musculaire est réduite (Moon et al., 2001). Tout ceci doit être pris en compte lors de l’examen clinique de la fonction respiratoire.
Le chaton entre 10 et 20 jours présente une réponse à l’hypoxie semblable à celle de l’adulte (Moon et al., 2001) avec une augmentation des fréquences respiratoire et cardiaque et du volume inspiratoire.
Le signe caractéristique d’affection respiratoire chez le chaton nouveau-né est la dyspnée ou détresse respiratoire (Root Kustritz, 2011). La détresse respiratoire se manifeste par une fréquence, des efforts et/ou des bruits respiratoires augmentés, une intolérance à l’effort ou un collapsus pulmonaire aigu (Root Kustritz, 2011). De plus, l’halètement est un signe de température augmentée normal chez le chien alors que chez le chaton, il est dans la majorité des cas associé à une détresse respiratoire significative. La respiration bouche ouverte est, elle, considérée comme pathologique chez le chiot et le chaton (Root Kustritz, 2011).

La cavité buccale du chaton de 10 à 20 jours ne possède encore aucune dent. Les premières dents déciduales qui apparaissent sont les incisives 1 (101/201/301/401), entre 2 et 3 semaines d’âge. Parallèlement arrivent les incisives 2 déciduales (102/202/302/402), entre 2 et 4 semaines d’âge (Hoskins, 1990).
A la fin de la première semaine, la vitesse de développement du tractus ralentit (Zabielski et al., 1999).
L’ingestion de lait augmente parallèlement à la taille de l’estomac : 1.7mL pour 10g de poids corporel par jour. Elle diminue cependant proportionnellement au poids corporel à partir de la deuxième semaine de vie (Peterson et Kutzler, 2011). L’épithélium de l’estomac et de l’intestin grêle se développe grâce à la tétée. La quantité de suc gastrique et d’enzymes digestives sécrétés par l’estomac tend à diminuer avec l’âge (proportionnellement au poids corporel). L’activité de la pepsine est stable durant les 2 ou 3 premières semaines de vie (Zabielski et al., 1999).
Une grande partie des enzymes pancréatiques est active. La quantité de suc pancréatique sécrété augmente avec l’âge (Zabielski et al., 1999).
A 10 jours, la nature des bactéries de la flore digestive du chaton évolue encore. Les coliformes et entérocoques sont présents, tandis que germes anaérobies, lactobacilles et clostridies se multiplient (Smith, 1965). Toute perturbation de l’équilibre de la flore digestive augmente les risques de maladie pour le chaton (Gauclère, 1993).
- Digestion des protéines
Entre J10 et J20, le chaton se nourrit exclusivement de lait. La digestion des protéines contenues dans le lait débute sous l’action de la chymosine. Cette enzyme du suc gastrique coagule le lait et hydrolyse partiellement la caséine. La pepsine continue ensuite la digestion protéique. L’activité de cette enzyme est soumise au pH du suc gastrique. Or, chez le chaton, ce dernier est plus élevé que chez l’adulte en raison d’une faible production d’acide chlorhydrique par l’estomac. La pepsine est donc encore peu active chez le chaton nouveau-né (Zabielski et al., 1999).
- Digestion des glucides
Tout le long de l’alimentation lactée, celle-ci est concentrée sur la digestion du lactose, qui fait partie des principales sources d’énergie du lait. Les autres oses de petite taille tels que saccharose, maltose, isomaltose peuvent également être digérés. En revanche, les oses à longue chaine ne le sont pas ou presque pas. En effet, l’alpha-amylase est quasiment inactive à ce moment-là. Son activité augmente entre J10 et J20 (Harper, Turner, 2000).
- Digestion des lipides
La digestion des lipides du lait est possible grâce à la lipase. Cette enzyme est présente dans le suc gastrique et le lait ingéré (Reece, 1997). La lipase pancréatique augmente en parallèle des lipides dans le lait de la mère (Peterson, Kutzler, 2011). L’efficacité de la digestion des lipides augmente entre J10 et J20 (Harper, Turner, 2000).
Les concentrations sanguines en alanine-aminotransférase (ALAT), aspartate-aminotransférase (ASAT), phosphatase alcalines et bilirubine totale sont présentées dans le Tableau 35.
Tableau 35 : Moyennes des paramètres biochimiques de la fonction hépatique chez le chaton entre 0 et 2 semaines et entre 2 et 4 semaines de vie (Bonagura et al., 2014) et chez le chat adulte (Hébert, 2010).
0 à 2 semaines | 2 à 4 semaines | Adulte | |
Bilirubine totale (mg/L) | 3 [1-10] | 2 [1-2] | 0-2,4 |
PAL (UI/L) | 123 [68-269] | 111 [90-135] | 13-116 |
ASAT (UI/L) | 8-48 | 12-24 | 10-35 |
ALAT (UI/L) | 21 [10-38] | 14 [10-18] | 20-85 |

- Filtration glomérulaire et réabsorption tubulaire
La néphrogenèse se poursuit entre 10 et 20 jours de vie. La maturation des reins se fait de façon centrifuge, les néphrons de la jonction cortico-médullaire devenant matures avant les néphrons sous-capsulaires.
Le débit de filtration glomérulaire du nouveau-né équivaut à 25% celui de l’adulte. Il augmente progressivement entre 10 et 20 jours d’âge. Ceci est dû à une pression artérielle faible et un épithélium glomérulaire peu perméable (Fettman et Allen, 1991).
De même, la réabsorption tubulaire du chaton de 10 à 20 jours est immature. La capacité de concentration des urines est donc peu développée : ces dernières sont 1,5 fois plus concentrées que le sang chez le chaton de moins de 20 jours contre 4 à 5 fois chez le chat adulte ; sa densité urinaire est inférieure à 1.020 (Little, 2011). Conséquence d’une moindre réabsorption des molécules organiques par les tubules, les concentrations urinaires en protéines, glucose et acides aminés dans les urines du nouveau-né sont plus élevées que chez l’adulte. On rencontre ainsi fréquemment une glycosurie physiologique chez le chaton jusqu’à 2 semaines d’âge. Entre 10 et 20 jours, le ratio protéines sur créatinine urinaire (RPCU) du chaton est semblable à celui de l’adulte. De même, la clairance rénale de la créatinine du chaton de 10 à 20 jours est d’environ 1,39 à 3,59 mL/min/kg, contre 3,80 à 4,74 mL /min/kg chez le chaton de 9 à 19 semaines (Dial, 1992).
La concentration urinaire est plus faible que chez l’adulte mais plus élevée qu’à la naissance. En effet, la fonction tubulaire des néphrons est immature (Lage, 1980, cité par Gauclère, 1993).
Le chaton de 10 à 20 jours est prédisposé à l’acidose métabolique. D’un côté, le métabolisme du chaton a un rythme deux fois plus élevé que celui de l’adulte, donc produit deux fois plus d’acides. De l’autre, la capacité d’excrétion urinaire des protons est faible (Lage, 1980, cité par Gauclère, 1993).
- Conséquences sur l’utilisation de médicaments en pratique
L’immaturité rénale est à prendre en compte lors de l’administration de médicaments excrétés ou métabolisés par les reins. En effet, leur clairance rénale est diminuée, ce qui peut induire des effets secondaires indésirables comme une néphrotoxicité ou une augmentation de leur durée d’action. C’est le cas notamment de la kétamine et de certains antibiotiques (céphalosporines, pénicillines, tétracyclines, trimétoprimes-sulfates) (Dial, 1992). L’antibiotique de choix cité par les auteurs est généralement le ceftiofur (2,5mg/kg par voie sous-cutanée toutes les 12 h pendant un maximum de 5 jours). L’utilisation d’anti-inflammatoires non stéroïdiens chez le chaton de 10 à 20 jours est déconseillée du fait de leur toxicité rénale accrue chez ce sujet (Grundy, 2006).
- Paramètres biochimiques de la fonction rénale
La créatininémie
La créatininémie est plus faible qu’à l’âge adulte : 0,4 à 0,6 mg/dL de sang chez un chaton de 2 semaines en bonne santé. Ceci peut en partie être expliqué par une masse musculaire proportionnellement plus faible Tableau 36.
Tableau 36 : Créatininémie du chaton à 14 jours de vie (Giry, 2002 ; Levy et al., 2006) et du chat adulte (Hébert, 2005).
J14 | Adulte | |
Créatinine (mg/dL) | 0,4-0,6 | 6,8-19 |
L’urémie
L’urémie chez le chaton dépend de la durée du jeûne (temps écoulé entre le dernier repas et le prélèvement sanguin). En moyenne, sa valeur est comprise entre 1,1 et 3,0 mg/dL chez le chaton de 2 semaines en bonne santé Tableau 37.
Tableau 37 : Urémie du chaton à 14 jours de vie (Giry, 2002 ; Levy et al., 2006) et du chat adulte (Hébert, 2005).
J14 | Adulte | |
Urée (mg/dL) | 1,1-3,0 | 8,7-31 |
Les besoins hydriques du chaton de 10 à 20 jours sont estimés à 120 à 180 mL par kg de poids corporel, donc plus importants que l’adulte (50 à 100 mL/kg). Ceci est dû à une plus forte teneur en eau dans son organisme (80% contre 60 % pour le chat adulte), un rapport surface sur poids corporel plus important (donc des pertes par déshydratation supérieures), un métabolisme plus rapide et une masse graisseuse plus faible.
Le chaton de 10 à 20 jours est sensible à toute modification du volume liquidien extracellulaire (suite à une diarrhée, des vomissements ou un jeûne). Il est sujet à une déshydratation rapide (Fettman et Allen, 1991) mais celle-ci est difficile à évaluer. Le test du pli de peau n’est pas significatif entre 10 et 20 jours, puisque sa peau contient moins de graisse et plus d’eau que celle du chat adulte. Cependant, l’humidité des muqueuses est facilement évaluable et est un reflet de l’état d’hydratation (Moon et al., 2001).
Si le chaton de 10 à 20 jours tolère mal la déshydratation, il est tout aussi sensible à une fluidothérapie excessive ou mal adaptée d’un point de vue électrolytique. Cette dernière peut être à l’origine d’une surcharge cardiovasculaire, un œdème pulmonaire et des hémorragies intracrâniennes.
A cette période, le chaton n’urine pas seul, la miction est provoquée par stimulation du réflexe périnéal lors de léchage par la mère (Fettman et Allen, 1991). Le chaton de 10 à 20 jours produit entre 5 et 60 mL d’urines par kilogramme de poids corporel, contre 10 à 20 mL/kg chez le chat adulte. Elles doivent être claires et incolores. Une urine foncée est un signe de déshydratation (Moon et al., 2001).

Entre J10 et J20, le chaton se nourrit du lait maternel. Le chaton s’approche plus rapidement des mamelles grâce à sa vision qui se développe (Kovach et Kling, 1967).
Pendant les 20 premiers jours, c’est encore la chatte qui déclenche la tétée au retour dans le nid, en léchant les chatons et en se plaçant en posture d’allaitement (Turner et Bateson, 2014).
Le chaton à cette période tète toutes les 4 à 6 heures, chaque tétée pouvant durer jusqu’à 45 minutes (Beaver, 1992). Une grande partie de ce temps n’implique pas l’ingestion de lait, ce sont des phases de tétées « non nutritives », qui peuvent représenter 90% d’une séance d’allaitement (Beaver, 1992).
A ce stade, le sommeil profond ne présente pas toutes les caractéristiques qu’il présente chez l’adulte (activité cérébrale lente, respiration régulière, mouvements des yeux lents et tonus musculaire modéré). A 2 semaines d’âge, seulement environ 30% du temps de sommeil profond présente une respiration régulière. Seulement 20% du temps de sommeil profond montre un tonus musculaire moyen (Hoppenbrouwers et Sterman, 1975). On observe ainsi souvent un sommeil agité, avec des contractions rapides des muscles de la face, des oreilles et des mouvements des paupières, des membres et du corps. De plus, le sommeil de groupe est marqué à cette période (Gauclère, 1993). Le chaton à cette période dort plus 20 heures par jour selon Gauclère (1993), et au moins 50% du temps selon Beaver (1992).
Le jeu a plusieurs intérêts. Il permet un entrainement physique musculaire mais aussi l’amélioration de la coordination et de l’équilibre. De plus, le jeu assure l’exploration de l’environnement et des contacts sociaux entre congénères. On distingue différents types de jeux en fonction de l’objet vers lequel ces derniers sont dirigéss : jeux sociaux (impliquant un autre chat), jeux avec des objets, jeux de prédation.
Le comportement de jeu est encore inexistant (Beaver, 1992).
On distingue différents types de vocalises, émises dans des situations différentes : le ronronnement, le murmure, les miaulements, le hurlement, le grognement, le feulement, le sifflement, le crachement, le cri de douleur et le claquement de dents. Chaque vocalisation est émise dans un contexte particulier.
Le grognement est présent à la naissance mais disparait avec l’âge, sauf très occasionnellement chez les adultes (Beaver, 1992). Le ronronnement, émis à partir de 2 jours après la naissance lors de l’allaitement, est également utilisé comme signe de bienvenue sous forme d’une seule inspiration à partir de 3 semaines d’âge (Beaver, 1992).

- Vision
Les yeux du chaton s’ouvrent entre J2 et J16, avec une moyenne de 8 jours (Martin et Bateson, 1985). Lorsque les yeux s’ouvrent, la vision est encore immature. Les liquides optiques ne sont pas encore complètement transparents, et le cortex visuel est immature (Bradshaw et al., 2012). Vers 15 jours, le fond de l’œil commence à être visible. L’éclaircissement débute alors en périphérie (Villablanca et Olmstead, 1979).
Les premières réponses à la lumière se traduisent par une réaction lente de détournement de la tête ou des yeux, 2 jours après l’ouverture (Beaver, 1980). Entre J10 et J19, ou plus précisément entre 1 et 4 jours après l’ouverture, la perception de la profondeur commence à se développer (Beaver, 1980). A partir de J15, les chatons deviennent capables de s’orienter vers un stimulus visuel. La vision et le mouvement se coordonnent (Bradshaw et al., 2012).
Les réflexes liés à la vision sont décrits dans la partie « Réflexes liés à la vision ».
- Audition
Le canal auditif poursuit son ouverture centripète. Celle-ci s’achève entre 8 et 16 jours après la naissance. Les pavillons auditifs se développent également. Leurs mouvements sont considérés identiques à ceux d’un chat adulte entre 15 et 19 jours en moyenne (Olmstead et Villablanca, 1980). Le chaton commence à adapter sa réponse en fonction de la nature du son qu’il entend. Il est par exemple attiré par les miaulements de sa mère et de sa fratrie et repoussé par celui d’un mâle. La discrimination des sons n’est toutefois pas encore tout à fait nette (Olmstead et Villablanca, 1980). Entre J11 et J16, le chaton devient peu à peu capable de localiser la source d’un son (Bradshaw et al., 2012).
- Olfaction
L’olfaction est présente et s’affine progressivement (Beaver, 1980).
- Goût et toucher
Le goût et le toucher sont présents (Bradshaw et al., 2012).
Le chaton est encore incapable de réguler sa température corporelle. Il reste encore blotti dans le nid en compagnie de ses frères et sœurs. Jusqu’à J14, s’il est sorti du nid, sa température corporelle diminue de façon linéaire de 0,2 à 0,3°C toutes les 15 minutes, quelle que soit sa température de départ (Olmstead et al., 1979). A partir de J14, il arrive à maintenir sa température lorsqu’il est sorti du nid. Toutefois, la température seuil reste assez basse (entre 37 et 38,2°C) (Olmstead et al., 1979).
A partir de J15, la pilo-érection est observable lorsque le chaton est exposé au froid. Toutefois, le frisson thermique n’est pas encore tout à fait développé, il correspond à de faibles trémulations jusqu’à J10 ou J15 (Olmstead et al., 1979).
Les réactions d’évitement face à une exposition au froid (comme la fuite) commencent à apparaître vraiment à partir de J15. Elles restent encore rares. Les plus fréquentes sont de se blottir en présence de froid, ainsi que de fuir en présence de température trop élevée (Olmstead et al., 1979).
Ce sont des actions volontaires déclenchées qui nécessitent une coordination entre le système sensoriel, la moelle épinière et les motoneurones centraux et périphériques. Leur évaluation permet d’apprécier la symétrie de développement des fonctions neurologiques chez le chaton. Leur présence ou non chez le chaton de 20 jours est reportée dans le Tableau 38.
Tableau 38 : Bilan des réactions posturales chez le chaton de 20 jours d’âge (Villablanca et Olmstead, 1979 ; Sechzer et al., 1984 ; Hoskins, 1990). M = réaction mature ; I = réaction immature ou en cours de maturation ; A = réaction absente.
Placer proprioceptif | M |
Placer tactile | I |
Sautillement | I |
Placer du menton | A |
Placer visuel | A |
Hémilocomotion | A |
Réaction de soutien du corps | M |
Il s’agit de réactions involontaires déclenchées artificiellement. Un réflexe diminué (hyporéflexie) ou absent (aréflexie) indique une anomalie des fibres sensitives segmentaires et/ou des motoneurones périphériques. Un réflexe augmenté (hyperréflexie) peut montrer une anomalie au niveau des motoneurones centraux. L’évaluation des réflexes sur un chaton est compliquée, de part une hétérogénéité dans leur développement et une difficulté de mise en évidence (Hoskins, 1990). Leur présence ou non chez le chaton de 20 jours est présentée dans le Tableau 39.
Tableau 39 : Bilan des réflexes moteurs chez le chaton de 20 jours d’âge (Hoskins, 1990). P = réflexe présent ; A = réflexe absent.
Réflexe patellaire | P |
Réflexe de l’extenseur radial du carpe | P |
Réflexe de flexion | P |
Réflexe d’extension croisée | P/A |
Réflexes toniques du cou | P |
Les réflexes tactiles sont à l’origine des premières interactions du chaton avec sa mère. Ils sont en grande partie absents à 20 jours de vie (Tableau 40).
Tableau 40 : Bilan des réflexes liés à une stimulation tactile chez le chaton de 20 jours d’âge (DeGroat et al., 1975 ; Beaver, 1980 ; Gagnon, 2012 ; Bradshaw et al., 2012). P = réflexe présent ; A = réflexe absent.
Réflexe de tétée | P |
Réflexe de fouissement | A |
Réflexe d’immobilisation | A |
Réflexe périnéal | A |
Réflexe auriculo-naso-céphalique | A |
Réflexe de Galant | A |
Le réflexe palpébral, le réflexe de clignement à la menace, le réflexe pupillaire et le réflexe cornéen sont présents et matures (Villablanca et Olmstead, 1979 ; Beaver, 1980).
Globalement, les réflexes de protection visuelle (dont le réflexe de clignement à la lumière) apparaissent avant l’ouverture des yeux. Le réflexe pupillaire est très lent les premiers jours (Beaver, 1980). Un bilan des réflexes liés à la vision est présenté dans le Tableau 41.
Tableau 41 : Bilan des réflexes liés à la vision chez le chaton de 20 jours d’âge (Villablanca et Olmstead, 1979 ; Beaver, 1980). P = réflexe présent ; A = réflexe absent.
Réflexe palpébral | P |
Réflexe pupillaire | P |
Réflexe de clignement à la lumière | P/A |
Réflexe de clignement à la menace | P |
Réflexe cornéen | P |
A 20 jours, le chaton est capable de s’assoir. Il se déplace avec une démarche chancelante. Chez des chatons manipulés fréquemment, on observe une marche correcte vers 15 jours (Beaver, 1992).

Le volume sanguin total du chaton est de 5 à 10 mL/100g de poids corporel, équivalent à celui du chat adulte (Von Dehn, 2014).
- La lignée rouge
L’hématie du chaton de 10 à 20 jours d’âge est sensiblement différente de celle du chat adulte. Tout d’abord, elle présente une macrocytose. En effet, son volume globulaire moyen (VGM) est plus élevé que celui de l’adulte (Tableau 42). Il diminue progressivement durant cette période. De plus, elles sont produites en plus faible quantité et présentent une durée de vie plus courte que les hématies du chat adulte (66 à 79 jours chez le chaton contre 85 à 90 jours chez le chat adulte (Gauclère, 1993)). Ceci peut être à l’origine d’un dénombrement important de réticulocytes, de corps d’Howell-Jolly et de corps de Heinz lors de la réalisation d’une cytologie sanguine (Von Dehn, 2014).
L’hématocrite du chaton diminue lentement et atteint les valeurs les plus basses entre 2 et 4 semaines (Tableau 42). Cette anémie physiologique est due à une diminution de la production de globules rouges, une augmentation du volume sanguin (à l’origine d’une hémodilution), la carence physiologique en fer due à la consommation de lait et la destruction des globules rouges fœtaux (Chandler, 2014).
Les paramètres sanguins relatifs aux hématies chez le chaton entre 10 et 20 jours d’âge (hématocrite, hémoglobinémie, VGM, CCMH, TCMH et nombre d’hématies) sont reportés dans le Tableau 42.
L’hémoglobine est de structure identique à celle de l’adulte et possède une affinité semblable au dioxygène (Wellman, 2010).
Tableau 42 : Valeurs hématologiques moyennes de la lignée rouge chez le chaton de 0 à 2 semaines et de 2 à 4 semaines en bonne santé (Grundy, 2006) et chez l’adulte (Hébert, 2010). VGM : volume globulaire moyen ; CCMH : concentration corpusculaire moyenne en hémoglobine ; TCMH : teneur corpusculaire moyenne en hémoglobine.
0 à 2 semaines (moyenne ± écart-type) |
2 à 4 semaines (moyenne ± écart-type) |
Adulte (intervalle de référence) |
|
Hématocrite (%) | 35,3 ± 1,7 | 26,5 ± 0,8 | 24-45 |
Hématies (1012/L) | 5,29 ± 0,24 | 4,67 ± 0,10 | 5,0-10,0 |
Hémoglobine (g/dL) | 12,1 ± 0,6 | 8,7 ± 0,2 | 8,0-15,0 |
VGM (fL) | 67,4 ± 1,9 | 53,9 ± 1,2 | 39-50 |
CCMH (%) | 34,5 ± 0,8 | 33,0 ± 0,5 | 32-36 |
TCMH (pg) | 23,0 ± 0,6 | 18,8 ± 0,8 | 13-17 |
- La lignée blanche
Les concentrations sanguines en leucocytes, granulocytes neutrophiles et lymphocytes chez le chaton de 10 à 20 jours de vie sont dans les intervalles de référence de l’adulte. L’augmentation significative du nombre de leucocytes observée jusqu’à 2 semaines peut être attribuée à l’augmentation de la stimulation antigénique à cette période. Le taux de granulocytes éosinophiles est légèrement supérieur aux normes adultes (Tableau 43).
Tableau 43 : Valeurs hématologiques moyennes de la lignée blanche chez le chaton de 0 à 2 semaines en bonne santé (Grundy, 2006) et chez l’adulte (Hébert, 2010).
0 à 2 semaines (moyenne ± écart-type) |
2 à 4 semaines (moyenne ± écart-type) |
Adulte (intervalle de référence) |
|
Leucocytes (109/L) | 9,67± 0,57 | 15,31 ± 1,21 | 5,5-15,4 |
Neutrophiles non segmentés (109/L) | 0,06 ± 0,02 | 0,11 ± 0,04 | 18,6-40 |
Neutrophiles segmentés (109/L) | 5,96 ± 0,68 | 6,92 ± 0,77 | 2,0-22,3 |
Lymphocytes (109/L) | 3,73 ± 0,52 | 6,56 ± 0,59 | 1,5-7,0 |
Monocytes (109/L) | 0,01 ± 0,01 | 0,02 ± 0,02 | 0,0-0,85 |
Eosinophiles (109/L) | 0,96 ± 0,43 | 1,41 ± 0,16 | 0,0 -0,75 |
Basophiles (109/L) | 0,02 ± 0,01 | 0 | 0,0-0,2 |
- Les protéines plasmatiques
Albumine
Chez le chaton de 10 à 20 jours d’âge, la concentration en albumine plasmatique est en moyenne plus faible qu’à l’âge adulte (Tableau 44).
Tableau 44 : Concentration sanguine en albumine chez le chaton de 0 à 2 semaines et de 2 à 4 semaines (Hoskins, 1990), à 14 jours de vie (Levy et al., 2006) et chez le chat adulte (Hébert, 2010).
0 à 2 semaines (intervalle de référence) |
J14 (intervalle de référence) |
2 à 4 semaines (intervalle de référence) |
Adulte (intervalle de référence) |
|
Albumine (g/L) | 20-24 | 21-26 | 22-24 | 24-35 |
Protéines totales
La concentration en protéines totales est plus faible qu’à l’âge adulte (Tableau 45). Le foie, encore immature, est incapable de compenser l’expansion rapide du volume plasmatique post-natale en produisant suffisamment de protéines. C’est la fin de la dégradation des protéines d’origine colostrale (Hoskins, 1990).
Tableau 45 : Concentration sanguine en protéines totales chez le chaton à 14 jours de vie (Levy et al., 2006) et chez le chat adulte (Hébert, 2010).
J14 (intervalle de référence) |
Adulte (intervalle de référence) |
|
Protéines totales (g/L) | 37-52 | 53-85 |
Ces deux minéraux sont présents en grande quantité dans le sang du chaton de 10 à 20 jours (Tableau 46).
Tableau 46 : Concentrations sanguines en calcium et phosphore chez le chaton à 14 jours de vie (Levy et al., 2006) et chez le chat à l’âge adulte (Hébert, 2010).
J14 (intervalle de référence) |
Adulte (intervalle de référence) |
|
Calcium (mmol/L) | 2,5-3,3 | 2,1-2,9 |
Phosphore (mmol/L) | 2,3-3,6 | 1,2 -3,0 |
Le glucose sanguin est régulé par trois mécanismes majeurs : l’absorption intestinale, la production hépatique et, à un plus faible degré, la production rénale. Chez le chaton de 10 à 20 jours, la glycémie est semblable à celle de l’adulte (Tableau 47).
Tableau 47 : Concentration sanguine en glucose chez le chaton à 14 jours de vie (Levy et al., 2006) et chez le chat adulte (Hébert, 2010).
J14 (intervalle de référence) |
Adulte (intervalle de référence) |
|
Glucose (mmol/L) | 5,9-8,8 | 2,6-8,4 |
La cholestérolémie et la triglycéridémie sont régies par la production hépatique de cholestérol et par l’absorption intestinale de lipides. Le chaton de 10 à 20 jours d’âge présente une fonction hépatique immature. Cependant, il se nourrit exclusivement de lait, substance très riche en lipides (Gorman, 2011). A cette période, la cholestérolémie est supérieure aux normes de l’adulte chez le chat (Tableau 48).
Tableau 48 : Concentrations sanguines en cholestérol et en triglycérides chez le chaton à 14 jours de vie (Levy et al., 2006) et chez le chat adulte (Hébert, 2010).
J14 (intervalle de référence) |
Adulte (intervalle de référence) |
|
Cholestérol (mmol/L) | 3,5-5,7 | 2,0-3,4 |
Triglycérides (mmol/L) | 0.43-5,4 | 0,57-1,14 |
La CK (Créatinine Kinase) est une enzyme qui signe une détérioration cellulaire du myocarde ou d’une rhabdomyolyse. Sa valeur à la naissance est très élevée par rapport aux valeurs de l’adulte, du fait du traumatisme subit au moment de la mise-bas par le chaton (Tableau 49).
Tableau 49 : Concentration sanguine en créatinine kinase chez le chaton à 14 jours de vie (Levy et al., 2006) et chez le chat adulte (Hébert, 2010).
J14 (intervalle de référence) |
Adulte (intervalle de référence) |
|
CK (UI/L) | 99-394 | 0-820 |
Voir Système digestif.
Voir Système urinaire

La plupart des cellules du système immunitaire sont d’origine hématopoïétique. Entre 10 et 20 jours de vie, l’hématopoïèse régresse progressivement dans la rate et le foie. Elle est remplacée dans la rate par la fonction érythroclastique de destruction des hématies vieillissantes. Toutefois, le potentiel hématopoïétique de ces organes pourra se réactiver en cas de besoin. L’hématopoïèse se poursuit tout au long de la vie dans la moelle osseuse après la naissance. Le thymus est le siège de la différenciation et maturation des lymphocytes T. Il est en phase de croissance entre 10 et 20 jours de vie (Chabanne, 2006).
Entre 10 et 20 jours de vie, le système immunitaire du chaton est encore immature. Il construit progressivement son répertoire de cellules mémoires, en fonction des contacts avec son environnement et ses congénères.
Sa réponse immunitaire est majoritairement de type primaire, d’intensité plus modérée et plus lente à se mettre en place qu’une réponse secondaire. Il est également déficitaire en éléments de l’immunité spécifique (leucocytes, enzymes, facteurs du complément). Concernant cette dernière, les lymphocytes B, assurant l’immunité à médiation humorale, se développent dans la moelle osseuse. Ils sont ensuite distribués dans les tissus lymphoïdes secondaires, et notamment les nœuds lymphatiques et la rate. La prolifération de lymphocytes T, assurant l’immunité à médiation cellulaire, augmente entre J10 et J20 (Person, 2003).
La protection du chaton de J10 à J20 est assurée par des anticorps d’origine maternelle. Lorsque la prise de colostrum a été correcte, le nouveau-né possède un taux d’IgG sérique équivalent à celui de sa mère.
L’immunité passive locale apparaît progressivement au cours du développement du chaton. Elle est constituée par les IgA et les IgG contenues dans le lait, dont les concentrations diminuent de façon exponentielle à cet-âge là. A ce stade, les IgG ingérées sont dégradées par le suc gastrique et les enzymes intestinales. D’autre part, les entérocytes n’expriment plus le récepteur FcγRn, capable de transporter de manière sélective la portion Fc de l’IgG de la lumière intestinale à la circulation sans dégradation. Les IgA sont quant à elles plus résistantes aux protéases.
Le taux d’IgG maternelles diminue de moitié tous les 8 à 10 jours (Chabanne, 2006). D’après le calcul de demi-vies, le chaton est encore protégé contre les principales maladies infectieuses, sous réserve de la qualité du transfert et du niveau de protection (Tableau 50).
Tableau 50 : Demi-vie des immunoglobulines G maternelles chez les chatons nouveau-nés et durée de protection moyenne contre les principales maladies (Gauclère, 1993). NB : la durée de protection n’est qu’indicative, elle dépend du statut vaccinal de la mère.
Agent pathogène | Demi-vie des IgG (jours) | Durée de protection (semaines) |
Feline Parvovirus FPV | 9,5 | 8-14 |
FeLV | 15 | 6-8 |
Herpès-virus FHV | 18,5 | 6-8 |
Calicivirus FCV | 15 | 9-14 |
Coronavirus FCoV | 7 | 4-6 |
Lyssavirus de la rage | ? | 13 |
Chlamydophila felis | ? | 8-12 |
Ainsi, dans l’hypothèse où la prise colostrale a été correcte et où le calendrier vaccinal de la mère a été respecté, le chaton de 10 à 20 jours se trouve encore protégé contre les principales maladies : panleucopénie, leucose, herpèsvirose, calicivirose, coronavirose, rage et chlamydiose (Gauclère, 1993).
A cet âge-là, les anticorps d’origine maternelle exercent une interférence vaccinale. Ainsi, la vaccination du chaton de 10 à 20 jours n’entrainera qu’une réponse vaccinale minime (Bergues et Bertagnoli, 2003). Par ailleurs, les animaux n’ayant pas reçu de colostrum peuvent être vaccinés à partir de la deuxième semaine d’âge avec des vaccins à agents inactivés (période à partir de laquelle la capacité de répondre correctement à une stimulation antigénique est acquise), puis toutes les deux à trois semaines jusqu’à l’âge de trois mois.