
- Calcul du poids idéal grâce au gain moyen quotidien :
La croissance d’un individu est reflétée par son gain moyen quotidien, exprimé en grammes par jour. Il est calculé comme suit :
GMQ Ja – Jb = (P Jb – P Ja) / (a – b)
Cet indice peut être exprimé en pourcentage du poids au jour a (Ja). Il est important de s’assurer qu’il a des valeurs positives. Le poids du chaton de 30 à 45 jours ne doit en effet pas stagner plus de 24 heures et doit augmenter chaque jour (Hoskins, 1990).
- Courbe de croissance :
La littérature fournit des objectifs de croissance. Gast a réalisé une courbe de croissance grâce au suivi de 370 chatons en bonne santé (Figure 5), nous permettant de visualiser l’allure de celle-ci entre 30 et 45 jours de vie. Néanmoins, la croissance du chaton entre 30 et 45 jours de vie varie en fonction du sexe, de la taille de la portée, du poids de naissance (Gast, 2011). Selon Dubos, le chaton mâle de 6 semaines pèse en moyenne 625 g, tandis que le chaton femelle pèse en moyenne 534 g.

Le ratio des masses des ventricules droit et gauche d’un chat adulte est atteint : il est de 1/3, le ventricule gauche étant trois fois plus lourd que le droit. La croissance des deux ventricules est ensuite symétrique (McIntosh Bright et Holmberg, 1990).
Le foramen ovale est fermé de façon fonctionnelle, il est susceptible de se rouvrir sous l’effet d’une modification du taux d’oxygène dans le sang ou de l’équilibre acido-basique, lors d’une infection respiratoire par exemple (Voldoire, 2002). La date de sa fermeture définitive n’est pas citée dans la littérature.
- Auscultation
Fréquence et rythme cardiaques
L’auscultation du cœur est difficile du fait de la taille du thorax et de la fréquence de battements élevée. Elle doit se réaliser à gauche, au niveau de l’apex cardiaque, entre le cinquième et le sixième espace intercostal, dans le tiers ventral du thorax. L’usage d’un stéthoscope pédiatrique est conseillé (Root Kustritz, 2011).
La fréquence cardiaque normale d’un chaton de 1 mois à 45 jours est d’environ 180 ± 30 battements par minute (bpm) (Lourenço et Ferreira, 2003).
Le rythme cardiaque est un rythme cardiaque sinusal régulier chez le chaton de moins de 6 semaines (McIntosh Bright et Holmberg, 1990).
Souffles physiologiques
Des souffles cardiaques de grades 1/6 à 3/6 entendus chez les chatons de 1 mois à 45 jours sont le plus souvent causés par le flux sanguin aortique ou pulmonaire rapide ou des délais variables de fermeture des shunts intracardiaques ou entre le cœur et les grands vaisseaux (Root Kustritz, 2011). Les souffles de grades 4/6 à 6/6 sont généralement dus à des malformations cardiaques congénitales. Les plus fréquentes chez le chat sont la dysplasie de la valve tricuspide et l’aplasie du septum ventriculaire (Root Kustritz, 2011).
- Electrocardiogramme
L’électrocardiographie (ECG) permet de détecter des arythmies ou des défauts de conductions. L’onde P présente une amplitude et durée semblables à celles de l’adulte. La durée et l’amplitude du complexe QRS et des intervalles PR et QT le sont également, ainsi que la durée de l’onde R (Lourenço et Ferreira, 2003).
- Pression artérielle
La pression artérielle du chaton de 1 mois à 45 jours est comprise entre 40 à 50 mmHg. Ces faibles valeurs sont dues aux parois musculaires artérielles immatures et à une faible résistance artérielle périphérique. A cet âge, l’analyse des variations de la pression sanguine ne permet pas de diagnostiquer un choc hypovolémique (Giry, 2002).
- Adaptabilité cardiaque
Le chaton de 1 mois à 45 jours présente un débit cardiaque, un volume plasmatique, une pression veineuse centrale et une post-charge plus élevés que chez l’adulte (McIntosh Bright et Holmberg, 1990). Au contraire, la pression artérielle moyenne, le volume d’éjection systolique, la résistance vasculaire périphérique et la précharge sont plus faibles (McIntosh Bright et Holmberg, 1990). La masse myocardique contractile et la compliance ventriculaire (capacité des ventricules à se dilater) sont également plus faibles. Ainsi, la réserve cardiaque est faible et le volume d’éjection systolique ne varie pas (Giry, 2002). Le débit cardiaque du chaton (DC = VES x FC avec DC : Débit cardiaque (L/min ; VES : Volume d’éjection systolique (L) ; FC : Fréquence cardiaque (bpm)) ne dépend donc que de la fréquence cardiaque (McIntosh Bright et Holmberg, 1990).
Ainsi, le cœur du chaton a une très faible capacité d’adaptation en fonction des évènements (repos/exercice). De plus, le contrôle nerveux de la fréquence cardiaque est mauvais chez le chaton de 1 mois à 45 jours. Leur myocarde est moins dense en fibres sympathiques. Jusque-là, le cœur du chaton est incapable notamment de répondre à une hypovolémie par une tachycardie. Ainsi, le chaton est sensible aux pertes sanguines, même peu importantes (5-10 mL/kg). Ceci est à prendre en compte lors de prélèvements sanguins notamment (ils ne doivent pas excéder 0,5 mL pour 100 g de poids) (McIntosh Bright et Holmberg, 1990).

Les poumons poursuivent leur développement entre 30 et 45 jours (Root Kustritz, 2011) et le système respiratoire atteint une efficacité proche de l’adulte. Les ramifications de l’arbre respiratoire sont formées mais leur morphologie évolue encore (Giry, 2002). Les voies respiratoires, plus souples que chez l’adulte, continuent de se rigidifier. Bien que la résistance à l’écoulement de l’air et les risques d’obstruction diminuent, l’effort respiratoire reste plus intense qu’à l’âge adulte. La cage thoracique du chaton subit le même sort : elle s’ossifie peu à peu et le mouvement respiratoire devient plus aisé (Giry, 2002).
Les besoins en oxygène du chaton de 30 à 45 jours diminuent pour se rapprocher de ceux de l’adulte (Voldoire, 2002). Quant à la fréquence respiratoire, elle est de 20 à 36 mpm la quatrième semaine (Grellet, 2010). Elle diminue ensuite pour atteindre celle d’un chat adulte aux alentours de 15 semaines d’âge (Gauclère, 1993). Le chaton présente une amplitude respiratoire et une réserve pulmonaire plus faibles que l’adulte (Root Kustritz, 2011 ; Moon et al., 2001).
Le chaton nouveau-né se voit donc forcé de fournir un effort respiratoire supérieur à celui de l’adulte, alors que sa résistance à la fatigue musculaire est réduite (Moon et al., 2001). Tout ceci doit être pris en compte lors de l’examen clinique de la fonction respiratoire.
Le chaton entre un mois et 45 jours présente une réponse à l’hypoxie semblable à celle de l’adulte (Moon et al., 2001).
Le signe caractéristique d’affection respiratoire chez le chaton nouveau-né est la dyspnée ou détresse respiratoire (Root Kustritz, 2011). La détresse respiratoire se manifeste par une fréquence, des efforts et/ou des bruits respiratoires augmentés, une intolérance à l’effort ou un collapsus pulmonaire aigu (Root Kustritz, 2011). L’halètement est un signe de température augmentée normal chez le chien alors que chez le chaton, il est dans la majorité des cas associé à une détresse respiratoire significative. La respiration bouche ouverte est, elle, considérée comme pathologique chez le chiot et le chaton (Root Kustritz, 2011).

A 30 jours, le chaton possède normalement déjà toutes ses incisives (101/102/103/, 201/202/203, 301/302/303 et 401/402/403) et ses canines déciduales (104, 204, 304 et 404). Entre 4 et 6 semaines d’âge, les prémolaires 3 et 4 déciduales (107/108, 207/208, 307/308 et 407/408) font éruption (Hoskins, 1990).
Le chat ne possède pas de prémolaire PM1 dans sa dentition déciduale, ni dans sa dentition permanente. Il ne possède pas de molaire M1 dans sa dentition déciduale (Hoskins, 1990).
L’ingestion de lait diminue proportionnellement au poids corporel. Parallèlement, l’ingestion d’aliment solide augmente (Peterson et Kutzler, 2011).
La taille de l’estomac, et par conséquent la capacité d’ingestion, ont augmenté considérablement avec l’introduction d’aliments solides. La paroi intestinale est épaisse. La quantité de suc gastrique et d’enzymes digestives sécrétés par l’estomac tend à diminuer avec l’âge (proportionnellement au poids corporel). L’activité de la pepsine augmente (Zabielski et al., 1999).
Une grande partie des enzymes pancréatiques est active. La quantité de suc pancréatique sécrété augmente avec l’âge. La courbe de sécrétion subit un bond au fur et à mesure du sevrage (Zabielski et al., 1999). Le pancréas est capable à cet âge-là de produire presque autant d’enzymes digestives et d’agents antibactériens que chez le chat adulte (Peterson et Kutzler, 2011).
A 1 mois d’âge, la nature des bactéries de la flore digestive du chaton est semblable à celle de l’adulte (Smith, 1965). Les besoins énergétiques du chaton à ce stade de la croissance ne peuvent plus être couverts par l’alimentation lactée. Le régime alimentaire va progressivement être transformé pour devenir carnivore. Ces changements modifient la composition de la microflore digestive (Zabielski et al., 1999). L’introduction d’aliments solides fournit à la fois une source et un substrat au développement de la flore bactérienne. Ces facteurs remplacent ceux établis par le lait et permettent d’établir la microflore gastro- intestinale normale du chaton (Peterson et Kutzler, 2011).
- Digestion des protéines
Entre J30 et J45, le sevrage du chaton est en cours. Le lait représente encore une grande partie du régime du chaton. D’autre part, il accueille progressivement l’alimentation solide. Etant un carnivore, les protéines occupent une place très importante dans son alimentation. L’activité de la pepsine augmente parallèlement à la diminution progressive du pH stomacal (Harper et Turner, 2000).
- Digestion des glucides
Pendant cette période, la prise de lait diminue, tandis que l’alimentation solide devient dominante. Le lactose, qui fait partie des principales sources d’énergie du lait, est fractionné en glucose et galactose par une enzyme : la lactase. L’amylase, la maltase, la saccharase et la lactase sont actives dans l’intestin grêle. Ils sont transformés en oses comme le glucose. La microflore du gros intestin se développe pour assurer une partie de la digestion des glucides, les transformant en acides gras volatils. Les oses à longue chaine sont digérés également. En effet, l’activité de l’alpha-amylase augmente peu à peu. A 45 jours, la digestibilité de l’amidon cuit est de 78,5 % (Wolter, 2011).
- Digestion des lipides
La lipase pancréatique permet la digestion intestinale des lipides issus de l’alimentation solide. L’efficacité de la digestion des lipides augmente entre 30 et 45 jours de vie (Harper et Turner, 2000).
Les concentrations sanguines en alanine-aminotransférase (ALAT), aspartate- aminotransférase (ASAT), phosphatase alcaline et bilirubine totale sont présentées dans le Tableau 67.

- Filtration glomérulaire et réabsorption tubulaire
La néphrogenèse est terminée. Le débit de filtration glomérulaire à cette période continue d’augmenter mais ne correspond encore qu’à environ 50 % de celui de l’adulte en raison d’une pression artérielle faible et d’un épithélium glomérulaire peu perméable (Fettman et Allen, 1991).
De même, la réabsorption tubulaire du chaton de 1 mois à 45 jours est encore partiellement immature, ce qui implique plusieurs faits. Le premier est que la capacité de concentration des urines est moins développée que chez l’adulte. Ainsi, ces dernières sont 1,5 fois plus concentrées que le sang chez le chaton de 1 mois à 45 jours contre 4 à 5 fois chez le chat adulte et sa densité urinaire est inférieure à 1.020 (Little, 2011). Ensuite, la réabsorption des molécules organiques par les tubules est encore immature. Les concentrations urinaires en protéines, glucose et acides aminés sont plus élevées chez le chaton de 1 mois à 45 jours que chez l’adulte (Fettman et Allen, 1991). Le ratio protéines sur créatinine urinaire (RPCU) est semblable à celui de l’adulte. De même, la clairance rénale de la créatinine est d’environ 1,39 à 3,59 mL/min/kg, contre 3,80 à 4,74 mL/min/kg chez le chaton de 9 à 19 semaines (Dial, 1992). La sécrétion tubulaire est pleinement efficace entre 4 et 8 semaines (Fettman et Allen, 1991).
- Conséquences sur l’utilisation de médicaments en pratique
L’immaturité rénale est à prendre en compte lors de l’administration de médicaments excrétés ou métabolisés par les reins. En effet, leur clairance rénale est diminuée, ce qui peut induire des effets secondaires indésirables comme une néphrotoxicité ou une augmentation de leur durée d’action. C’est le cas notamment de la kétamine et de certains antibiotiques (céphalosporines, pénicillines, tétracyclines, trimétoprimes-sulfates) (Dial, 1992). L’antibiotique de choix cité par les auteurs est généralement le ceftiofur (2,5 mg/kg par voie sous-cutanée toutes les 12 heures pendant un maximum de 5 jours). L’utilisation d’anti- inflammatoires non stéroïdiens chez le chaton de 1 mois à 45 jours est déconseillée du fait de leur toxicité rénale accrue chez ce sujet (Grundy, 2006).
- Paramètres biochimiques de la fonction rénale
La créatininémie
La créatininémie est plus faible qu’à l’âge adulte : 0,2 à 1,2 mg/dL de sang chez un chaton de 4 à 6 semaines en bonne santé. Ceci peut en partie être expliqué par une masse musculaire proportionnellement plus faible que l’adulte (Tableau 68).

Tableau 68 : Créatininémie du chaton entre 1 mois et 45 jours de vie (Giry, 2002 ; Levy et al., 2006) et du chat adulte (Hébert, 2005).
L’urémie
L’urémie chez le chaton dépend de l’alimentation et de la durée du jeûne (temps écoulé entre le dernier repas et le prélèvement sanguin). En moyenne, sa valeur est comprise entre 0,32 et 0,77 mg/dL de sang chez le chaton de 4 à 6 semaines en bonne santé (Tableau 69).
Les besoins hydriques du chaton de moins de 2 mois sont estimés à 120 à 180 mL par kg de poids corporel, donc plus importants que l’adulte (50 à 100 mL/kg). Ceci est dû à une plus forte teneur en eau dans son organisme (80 % contre 60 % pour le chat adulte), un rapport surface sur poids corporel plus important (donc des pertes par déshydratation plus importantes), un métabolisme plus rapide et une masse graisseuse plus faible que l’adulte.
Le chaton de 1 mois à 45 jours est sensible à toute modification du volume liquidien extracellulaire (suite à une diarrhée, des vomissements ou un jeûne). Il est sujet à une déshydratation rapide (Fettman et Allen, 1991), mais celle-ci est difficile à évaluer. Le test du pli de peau n’est pas significatif avant 6 semaines, puisque la peau du chaton contient moins de graisse et plus d’eau que celle du chat adulte. L’humidité des muqueuses est facilement évaluable et est un reflet de l’état d‘hydratation (Moon et al., 2001).
Si le chaton à cet âge-là tolère mal la déshydratation, il est tout aussi sensible à une fluidothérapie excessive ou mal adaptée d’un point de vue électrolytique. Cette dernière peut être à l’origine d’une surcharge cardiovasculaire, un œdème pulmonaire et des hémorragies intracrâniennes.
Entre 3 et 5 semaines, le chaton commence à se mettre en position et à réguler par lui- même sa miction. A 45 jours, il urine généralement seul, sans l’aide de sa mère (Fettman et Allen, 1991). Le chaton de 1 mois à 45 jours produit environ 25 mL d’urine par kilogramme de poids corporel, contre 10 à 20 mL/kg chez le chat adulte. L’urine du chaton doit être claire et incolore. Une urine foncée est un signe de déshydratation (Moon et al., 2001).

Un chaton ayant été privé de sa mère et de ses frères durant les 35 premiers jours de sa vie est incapable de trouver les mamelles et d’initier la tétée. Ceci peut être relié à la disparition du réflexe de succion au cours de la 4ème semaine de vie. Ainsi, le comportement de tétée semble dépendre des réflexes innés pendant les trois premières semaines, mais sa persistance semble, elle, dépendre de l’apprentissage (Kovach et Kling, 1967).
A cette période, le chaton initie lui-même la tétée (Case, 2011). La mère prolonge progressivement les moments hors du nid et refuse de plus en plus la tétée à ses chatons. Les temps d’allaitement se raréfient progressivement. C’est le début du processus de sevrage. C’est un processus lent et progressif aboutissant à la complète indépendance alimentaire du chaton. En parallèle, dès la 3ème semaine, la mère rapporte des proies mortes au nid, introduisant ainsi l’aliment solide dans le régime alimentaire de ses chatons. Vers la 5ème semaine, elle rapporte des proies vivantes. Elle les relâche dans le nid afin que les chatons chassent (Case, 2011).
Le chaton à cette période tête toutes les 4 à 6 heures jusqu’au sevrage (Beaver, 1992).
A ce stade, le sommeil profond ne présente pas toutes les caractéristiques qu’il présente chez l’adulte (activité cérébrale lente, respiration régulière, mouvements des yeux lents et tonus musculaire modéré) (Hoppenbrouwers et Sterman, 1975). A 4 et 5 semaines d’âge, la respiration est régulière pendant 40 et 50 % du temps de sommeil profond respectivement, un tonus musculaire moyen est visible durant 30 et 50 % du temps de sommeil profond respectivement et des mouvements rapides des yeux sont visibles pendant 10 et 5 % de ce temps (Hoppenbrouwers et Sterman, 1975). On observe ainsi souvent un sommeil agité, avec des contractions rapides des muscles de la face, des oreilles et des mouvements des paupières, des membres et du corps. De plus, le sommeil solitaire s’installe, mais des phases de sommeil de groupe existent encore (Gauclère, 1993). Le chaton dort entre 9 et 12 heures par jour à cette période, soit autant que l’adulte (Beaver, 1992).
Le jeu a plusieurs intérêts. Il permet un entraînement physique musculaire mais aussi l’amélioration de la coordination et de l’équilibre. De plus, le jeu assure l’exploration de l’environnement et développe les contacts sociaux entre congénères. On distingue différents types de jeux : jeux sociaux (impliquant au moins un autre chat), jeux avec des objets, jeux de prédation.
- Jeux avec les objets
A l’âge de 4 semaines, le jeu avec des objets s’observe chez les chatons en même temps que la coordination musculaire se développe.
- Jeux sociaux
Vers 35 jours, on observe des positions propres à la chasse (position aplatie, cambrure de l’arrière train, préparation du saut, etc.). La lutte entre congénères n’apparait que vers 43 jours. Vers 48 jours de vie, le chaton commence à grimper sur les supports lors des courses- poursuites. Le saut se développe à des stades très différents selon les chatons : il apparait entre 17 et 43 jours de vie (Beaver, 1992).
Les jeux sociaux s’observent majoritairement entre 4 et 16 semaines. Les jeux sociaux sont caractérisés par huit comportements bien définis (Beaver, 1992) :
- Le « belly-up » : le chaton se met sur le dos et montre son ventre tout en jouant avec les pattes et la bouche. A 6 semaines, ce comportement occupe 13 % des jeux sociaux en
- Le « stand-up » : le chaton est assis et joue avec ses membres antérieurs avec un congénère qui se trouve, lui, sur le
- Un « side-step » : le chaton se déplace de profil autour d’un autre, avec une position arquée et la tête tournée vers lui. Ce jeu se développe aux alentours de 33 jours et occupe à 6 semaines 42 % du temps de jeu.
- Le « vertical stance » : le chaton se positionne debout sur ses membres postérieurs en position bipède. Ce comportement apparait vers 35 jours. Il n’occupe qu’une petite partie du
- Le comportement de chasse ou course poursuite apparaît entre 38 et 41
- Le « horizontal leap » : le chaton adopte la posture du side-step puis saute sur le côté. Cette posture apparaît vers 45 jours en
- Le « face-off » : deux chatons assis se font face, se regardent et en se penchent l’un vers l’autre, puis dirigent des coups de patte vers la face de l’autre (Beaver, 1992).
- Jeux de prédation
Vers la 5ème semaine, la mère rapporte des proies vivantes dans le nid. Elle les relâche dans le nid afin que les chatons les chassent et les tuent, en les aidant si nécessaire. Cette activité de jeu permet l’apprentissage du comportement de prédation (Case, 2011).
Le grognement est présent à la naissance mais disparait avec l’âge, sauf très occasionnellement chez les adultes. Le ronronnement est présent lors de l’allaitement. Il est également utilisé comme signe de bienvenue sous forme d’une seule inspiration (Beaver, 1992). Le sifflement apparaît vers la 5ème semaine en présence d’une menace ou en cas d’irritation. Le chaton reconnait les voix familières dès 4 semaines mais n’agit pas encore en fonction de leur signification (Beaver, 1992).

- Vision
Le chaton est capable de s’orienter grâce à sa vision. Les liquides optiques deviennent transparents 1 mois environ après l’ouverture des yeux (27 à 38 jours) (Villablanca et Olmstead, 1979). La vision en 3 dimensions commence à se développer (Bradshaw et al., 2012). La coordination entre les yeux et les membres se développent entre 35 et 42 jours de vie (Bradshaw et al., 2012).
Les réflexes liés à la vision sont décrits dans la partie « Réflexes liés à la vision ».
- Audition
Les pavillons auriculaires ont à présent leur configuration définitive (Olmstead et Villablanca, 1980). Le chaton distingue clairement les différentes vocalisations. Sa réponse est adaptée en fonction de la nature du stimulus auditif. Par exemple, il est attiré par celles provenant de sa mère ou de ses frères et sœurs, tandis qu’il s’éloigne oreilles baissées de celles provenant de chats mâles (Olmstead et Villablanca, 1980 ; Bradshaw et al., 2012). Le chaton localise avec précision la localisation des sons (Olmstead et Villablanca, 1980). Ainsi, le chaton est à présent capable d’orienter précisément ses pavillons auriculaires dans la direction du son, et de réagir en fonction de la nature de celui-ci.
- Olfaction
L’olfaction est présente dès la naissance et s’affine progressivement (Beaver, 1980).
L’olfaction voméro-nasale est la faculté de l’organe voméro-nasal à détecter des phéromones. Il est caractérisé par le signe du flehmen. Celui-ci apparaît vers 5 semaines (Kolb et Nonneman, 1975).
- Goût et toucher
Le goût et le toucher sont présents (Bradshaw et al., 2012).
Les chatons sortent du nid. Ils sont capables de maintenir leur température corporelle lorsqu’ils sont sortis du nid, bien qu’à un niveau plus bas que la température de l’adulte (entre 37,4 et 38,6 °C) (Olmstead et al., 1979).
Le chaton peut mettre en place le frisson thermique lorsqu’il est exposé au froid. La pilo-érection qui accompagne le frisson est également observable à cet âge. Durant la 5ème semaine de vie, le halètement reprend à une fréquence élevée (Olmstead et al., 1979).
Ce sont des actions volontaires déclenchées qui nécessitent une coordination entre le système sensoriel, la moelle épinière et les motoneurones centraux et périphériques. Leur évaluation permet d’apprécier la symétrie de développement des fonctions neurologiques chez le chaton. Leur maturation chez le chaton de 45 jours est reportée dans le Tableau 70.
Il s’agit de réactions involontaires déclenchées artificiellement. Un réflexe diminué (hyporéflexie) ou absent (aréflexie) indique une anomalie des fibres sensitives segmentaires et/ou des motoneurones périphériques. Un réflexe augmenté (hyperréflexie) peut montrer une anomalie au niveau des motoneurones centraux. L’évaluation des réflexes sur un chaton est compliquée, de part une hétérogénéité dans leur développement et une difficulté de mise en
évidence (Hoskins, 1990). Leur présence ou non chez le chaton de 45 jours est reportée dans le Tableau 71.
Les réflexes tactiles sont à l’origine des premières interactions du chaton avec sa mère.
Pour cette période, ils sont reportés dans le Tableau 72.
Le réflexe palpébral, les réflexes de clignement à la menace et à la lumière, le réflexe pupillaire et le réflexe cornéen sont présents et matures (Tableau 73).
A l’âge de 5 semaines, le chaton est capable de courir, tourner, sauter. Sa démarche est plus assurée. A l’âge de 6-7 semaines, le chaton présente toutes les caractéristiques de la locomotion de l’adulte (Sechzer et al., 1984).

Le volume sanguin total du chaton est de 5 à 10 mL/100 g de poids corporel, équivalent à celui du chat adulte (Von Dehn, 2014).
- La lignée rouge
L’hématie du nouveau-né est remplacée par l’hématie du chat adulte à l’âge de 1 mois. Cette dernière possède un volume globulaire moyen plus faible que celle du nouveau-né (Tableau 74). Sa durée de vie est supérieure à celle-ci : 85 à 90 jours (Gauclère, 1993) .
Ensuite, l’hématocrite du chaton de 1 mois ayant atteint sa valeur la plus basse, il augmente ensuite (Tableau 74) (Giry, 2002 ; Von Dehn, 2014).
Les paramètres sanguins relatifs aux hématies chez le chaton de 1 mois à 45 jours (hématocrite, hémoglobinémie, VGM, CCMH, TCMH et nombre d’hématies) sont reportés dans le Tableau 74.

Tableau 74 : Valeurs hématologiques moyennes de la lignée rouge chez le chaton de 4 à 6 semaines en bonne santé (Grundy, 2006) et chez l’adulte (Hébert, 2010). VGM : volume globulaire moyen ; CCMH : concentration corpusculaire moyenne en hémoglobine ; TCMH : teneur corpusculaire moyenne en hémoglobine.
- La lignée blanche
Les concentrations sanguines en leucocytes et granulocytes éosinophiles continuent d’augmenter au-dessus des valeurs de l’adulte entre 1 mois et 45 jours. Les concentrations sanguines en polynucléaires neutrophiles et en lymphocytes subissent une légère baisse pendant cette période (Tableau 75).

Tableau 75 : Valeurs hématologiques moyennes de la lignée blanche chez le chaton de 4 à 6 semaines en bonne santé (Grundy, 2006) et chez l’adulte (Hébert, 2010).
- Les protéines plasmatiques
Albumine
Le chaton de 1 mois à 45 jours possède une concentration en albumine plasmatique plus faible qu’à l’âge adulte (Tableau 76).

Tableau 76 : Concentration sanguine en albumine chez le chaton à 1 mois d’âge (Levy et al., 2006), entre 4 à 6 semaines (Moon et al., 2001) et chez le chat adulte (Hébert, 2010).
Protéines totales
La concentration en protéines totales est plus faible qu’à l’âge adulte (Tableau 77). Le foie, encore immature, est incapable de compenser l’expansion rapide du volume plasmatique post-natale en produisant suffisamment de protéines (Hoskins, 1990).
Ces deux minéraux sont présents en grande quantité dans le sang du chaton de 1 mois à 45 jours (Tableau 78).
La cholestérolémie et la triglycéridémie sont régies par la production hépatique de cholestérol et par l’absorption intestinale de lipides. Le chaton nouveau-né présente une fonction hépatique immature. Cependant, il se nourrit en grande partie de lait, substance très riche en lipides, les valeurs de cholestérolémie et la triglycéridémie sont donc élevées par rapport à celles d’un chat adulte. Lorsque le régime alimentaire commence à changer, au début du sevrage, elles diminuent pour se rapprocher de l’intervalle de référence de l’adulte (Gorman, 2011). En outre, les valeurs en cholestérol restent encore très hautes entre 1 mois et 45 jours de vie chez le chaton (Tableau 80).
La CK (Créatinine Kinase) est une enzyme qui signe une détérioration cellulaire du myocarde ou une rhabdomyolyse. Sa valeur à la naissance est très élevée par rapport aux valeurs de l’adulte, du fait du traumatisme subit au moment de la mise-bas par le chaton (Tableau 81).
Voir Système digestif.
Voir Système urinaire.

Entre 30 et 45 jours de vie, la rate n’a plus de fonction hématopoïétique mais exerce une fonction érythroclastique de destruction des hématies vieillissantes. Toutefois, le potentiel hématopoïétique du foie et de la rate pourra se réactiver en cas de besoin. L’hématopoïèse a lieu dans la moelle osseuse. Le thymus, siège de la différenciation et maturation des lymphocytes T, atteint son poids relatif maximal entre 1 et 2 mois (Chabanne, 2006).
Entre 30 et 45 jours de vie, le système immunitaire du chaton construit progressivement son répertoire de cellules mémoires, en fonction des contacts avec son environnement et ses congénères.
Sa réponse immunitaire est majoritairement de type primaire, d’intensité plus modérée et plus lente à se mettre en place qu’une réponse secondaire. Il est également déficitaire en éléments de l’immunité spécifique (leucocytes, enzymes, facteurs du complément). Concernant cette dernière, les lymphocytes B, assurant l’immunité à médiation humorale, se développent dans la moelle osseuse. Ils sont ensuite distribués dans les tissus lymphoïdes secondaires, et notamment les nœuds lymphatiques et la rate. La prolifération de lymphocytes T, assurant l’immunité à médiation cellulaire, augmente entre J30 et J45 (Person, 2003).
La protection du chaton de J30 à J45 est assurée par des anticorps d’origine maternelle. Elle est constituée par les IgA et les IgG contenues dans le lait, dont les concentrations sont au plus bas : environ 3 g/L pour les IgG et 0.3 g/L pour les IgA. Dans le tube digestif, les IgA résistent à la digestion protéique, contrairement aux IgG. La paroi intestinale étant imperméable à cet âge-là, les immunoglobulines ingérées participent à l’immunité locale uniquement.
A cet âge, compte tenu de la durée de vie des anticorps dirigés contre les principaux agents pathogènes, le chaton âgé de 30 à 45 jours, même s’il a bénéficié d’un transfert de bonne qualité, rentre dans une phase critique pour certains agents pathogènes. En effet, la protection d’origine maternelle contre le coronavirus félin n’agit plus à partir de 4 à 6 semaines (Tableau 82).

Tableau 82 : Demi-vie des immunoglobulines G maternelles chez les chatons nouveau-nés et durée de protection moyenne contre les principales maladies (Gauclère, 1993). NB : la durée de protection n’est qu’indicative, elle dépend du statut vaccinal de la mère.
Ainsi, dans l’hypothèse où la prise colostrale a été correcte et où le calendrier vaccinal de la mère a été respecté, le chaton de 30 à 45 jours se trouve encore protégé contre les principales maladies : panleucopénie, leucose, herpèsvirose, calicivirose, rage et chlamydiose (Tableau 82).
A cet âge-là, les chatons ayant ingéré le colostrum de leur mère vaccinée sont protégés tant que les anticorps maternels persistent. Ces derniers protègent le chaton contre l’agent infectieux mais provoquent encore des interférences vaccinales durant 6 à 16 semaines après la naissance. En effet, ils induisent une neutralisation des antigènes vaccinaux et inhibent donc le développement de la réponse immunitaire. Les vaccinations ne sont donc pas efficaces tant que les taux d’anticorps maternels sont élevés. La vaccination devrait être effectuée lorsque ces taux sont proches du seuil d’interférence vaccinale. Cependant, l’absence de vaccination laisserait le chaton sans protection pendant la période de transition entre immunité passive et compétence immunitaire, période qui varie en fonction du statut immunitaire de la mère et du taux d’anticorps nécessaire à la neutralisation de l’agent infectieux (Bergues et Bertagnoli, 2003).
Ainsi, il est recommandé de commencer un protocole de vaccination à partir de six semaines en milieu exposé. Les injections peuvent alors être renouvelées toutes les deux à trois semaines jusqu’à l’âge de douze semaines.